Expertise Politique Sociale (Septembre 2025)
Le CSE Sopra Steria Group a fait réaliser par SYNDEX une expertise sur la situation sociale de l’entreprise. Le constat est sans appel : derrière les beaux discours de la Direction, la réalité est bien plus sombre. Embauches en chute libre, salaires au point mort, carrières bloquées, explosion des ruptures conventionnelles, montée en puissance de l’IA et risques psychosociaux en hausse… Tout indique que la situation des salarié·e·s se dégrade.
Emploi : la confiance s’effrite
En trois ans, les recrutements ont chuté de près de moitié. Les équipes s’amincissent, la pression monte, et chacun sent que la charge repose sur moins d’épaules. Officiellement, le turnover diminue : en réalité, les collègues n’osent plus bouger, faute de perspectives ailleurs. La peur de perdre son emploi prend le pas sur l’envie de changement.
Et que dire des ruptures conventionnelles ? Elles explosent et deviennent le deuxième motif de départ. SYNDEX alerte : utiliser les RC comme un plan social déguisé est illégal. Pourtant, dans certaines divisions, c’est devenu la règle. La réorganisation « Objectif Proximité », qui bouleversera le quotidien de près de 2 000 salarié·e·s, ne fait qu’ajouter de l’incertitude. Comment se projeter quand tout change sans cesse, sans garanties sur la charge de travail ?
Salaires et carrières : l’ascenseur est en panne
2025 marque un record amer : plus d’un salarié sur deux n’a pas eu la moindre augmentation. Et quand il y en a, elles sont faméliques : l’enveloppe globale fond de moitié en un an.
Côté carrières, c’est le même constat. Depuis 2022, près de la moitié de l’effectif n’a pas connu la moindre évolution de niveau. Les seniors, particulièrement, sont mis de côté. Passé 40 ou 45 ans, l’espoir d’une promotion ou d’une augmentation devient quasi nul. Autrement dit : « merci pour vos années de travail, mais n’espérez plus rien ».
Les managers de proximité, déjà débordés, doivent en plus assumer des tâches RH sans formation ni temps dédié. Comment, dans ces conditions, assurer un suivi juste et équitable ? Résultat : des parcours mal accompagnés et un sentiment d’injustice qui ne cesse de croître.
L’IA : outil miracle ou nouveau piège ?
On nous parle d’innovation, mais sur le terrain, l’IA change déjà nos métiers… et pas forcément pour le mieux. Certaines tâches disparaissent, la charge mentale augmente : il ne s’agit plus seulement de produire, mais de surveiller et valider en continu le travail des algorithmes.
Le collectif s’effrite : chacun s’isole derrière son outil, au détriment de l’entraide et du partage. Les jeunes, censés incarner l’avenir, se retrouvent privés d’un vrai apprentissage. Comment apprendre un métier si l’on ne fait plus que corriger les suggestions d’une machine ?
Et pourtant, la Direction continue de minimiser l’ampleur de ces bouleversements, estimant que seuls 3 % des emplois sont “sensibles”. Un chiffre jugé irréaliste par SYNDEX, et qui montre surtout l’hypocrisie de ceux qui pilotent l’entreprise.
Égalité femmes-hommes : le plafond de verre se renforce
Depuis 2019, rien n’a vraiment bougé : les femmes représentent un tiers de l’effectif, mais à peine 16 % des managers. Les écarts salariaux restent de 9 % en moyenne. Et parce que 7 temps partiels sur 10 sont occupés par des femmes, leurs carrières sont encore plus ralenties.
Le fameux plafond de verre, que la Direction prétend combattre, est toujours bien présent.
Conditions de travail : une dégradation qui coûte cher
Les chiffres sur la santé au travail devraient alerter tout le monde. En deux ans, les accidents du travail ont bondi : +16 % en 2023, +8 % en 2024. Particularité inquiétante à Sopra Steria : près d’un quart de ces accidents sont des malaises. Deux d’entre eux ont été mortels, en télétravail. Et pourtant, aucune mesure spécifique n’a été prise.
Le suivi de la charge de travail est inexistant, les alertes ne sont pas utilisées, et les questionnaires sur les risques psychosociaux sont tellement édulcorés qu’ils passent à côté de l’essentiel. Autrement dit : la souffrance existe, mais on préfère ne pas la voir.
Et maintenant ?
Ce rapport SYNDEX ne fait que confirmer ce que beaucoup d’entre nous ressentent déjà : nos emplois sont fragilisés, nos salaires stagnent, nos carrières s’enlisent, nos conditions de travail se dégradent. Et pendant ce temps, la Direction continue comme si de rien n’était.
Nous ne pouvons plus rester spectateurs. Nous demandons l’ouverture de véritables négociations sur l’emploi, les salaires, l’égalité professionnelle et la santé au travail. Parce que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’avenir de Sopra Steria : c’est notre santé, nos droits et notre dignité.