Les barbouzes du dialogue social

De quoi s’agit-il ?

Un représentant du personnel est censé défendre les salarié·es. Malheureusement, chez Sopra Steria, tout donne à penser qu’un système bien huilé détourne parfois cette mission.

Les salarié·es se retrouvent avec des élus qui n’en sont pas vraiment : des pseudo-représentants semblant davantage préoccupés par leurs propres intérêts (et ceux de la direction) que par la défense de celles et ceux qui les ont élus.

Cela se manifeste par des comportements qui peuvent consister à freiner ou détourner les actions des élu·es combatifs, à alimenter des tensions dans les débats d’instances ou lors des négociations, à influencer les votes, ou encore à exercer des pressions sur celles et ceux qui osent encore relever la tête.

Lorsqu’ils sont mis face à leurs agissements, c’est souvent le même mécanisme : ils accusent les autres de ce qu’on leur reproche.
C’est ce qu’est appelé l’art du miroir inversé, ou de l’inversion accusatoire : celui qui exerce une pression se dit menacé, celui qui déstabilise ou provoque se déclare victime.
Une vieille méthode, lamentable, mais efficace.

La banalisation de la haine sous couvert de “liberté d’expression”

Et dans ce climat délétère, une dérive encore plus inquiétante semble s’installer.
À l’heure où la xénophobie, le sexisme, l’homophobie et le racisme sous toutes ses formes se banalisent dans la société, certains comportements tendent à importer ces idéologies jusque dans les espaces de représentation du personnel.

Sous couvert de “franchise” ou de “liberté d’expression”, certains se servent de leurs mandats syndicaux ou électifs comme d’un déguisement pour propager des discours empreints de rejet, de stigmatisation ou de nostalgie autoritaire.
Ils s’attaquent aux diversités, aux femmes, aux minorités visibles ou non, et à celles et ceux qui refusent ces discours d’exclusion.

Ce phénomène s’accompagne parfois d’une volonté de discréditer les syndicats, les vrais, de brouiller les repères collectifs et de banaliser les droits acquis au prix de décennies de luttes sociales.
Ils cultivent la confusion, opposent les salarié·es entre eux, et remettent en cause les principes mêmes de solidarité, d’égalité et de justice sociale.

Qu’on ne s’y trompe pas : ce ne sont pas là des “opinions comme les autres”.
Ces idées de division n’ont rien à faire dans le monde du travail et encore moins dans le syndicalisme.
Elles sont contraires aux valeurs humaines, républicaines, à la démocratie et à tout ce que le syndicalisme défend depuis toujours.

Soyons clairs : tout cela ne semble pas relever de l’improvisation.
Beaucoup d’éléments laissent penser qu’il s’agit d’une mécanique organisée, tolérée, voire encouragée par inaction.
Sans l’appui implicite de la direction, ces comportements n’auraient probablement pas autant d’impact.
Avec elle, ils deviennent des relais informels : des yeux, des oreilles, des bras dans les instances.

Ils paraissent bénéficier d’une forme d’immunité : rien ne semble les atteindre, tout leur est permis.
Ils peuvent manipuler, insulter ou exercer des pressions et la direction se retranche souvent derrière l’argument : « Ce sont des histoires entre syndicats ».
Ainsi, les pressions deviennent parfois un outil de gestion du dialogue social.

Le silence de la direction vaut alors caution morale, ou du moins tolérance.
Chaque œil fermé devient une complicité passive.
Derrière le paravent d’un « dialogue social apaisé » ou d’une « liberté d’expression sous contrôle », se cache parfois une caricature d’élection : les salarié·es pensent élire des représentants, ils héritent en réalité de relais du management déguisés en représentants du personnel.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, nous ne tomberons pas dans leur piège.
Nous pourrions répondre à leurs attaques, à leurs humiliations, ou entrer dans leurs polémiques stériles mais notre énergie vaut mieux que leurs manœuvres.

Eux préfèrent fouiller, inventer des histoires, s’acharner sur les élus·es combatifs pour fabriquer un écran de fumée et détourner l’attention des vrais sujets : les parcours professionnels, les conditions de travail, les dérives managériales, la mise à l’écart des seniors, l’abandon des intercontrats, la souffrance au travail…
Autant de thèmes qu’ils ne souhaitent surtout pas voir abordés.

Certains vont jusqu’à tourner en dérision ou mettre en cause notre intégrité.
Mais si l’on s’amusait, nous aussi, à examiner les situations de chacun ?
Quand les élu·es combatifs sont mis à l’écart, d’autres se voient attribuer des missions confortables.
Quand la carrière des élu·es combatifs stagne, d’autres sont régulièrement promus, augmentés, valorisés.

Des avantages qui ressemblent parfois à des récompenses pour services rendus.
D’autant plus troublant quand on constate que les auteurs d’agissements très graves continuent d’être épargnés, voire ménagés.
On ne bénéficie pas d’autant de faveurs sans contrepartie : certains ont troqué la défense des salarié·es contre leur confort personnel.
Et, comme si cela ne suffisait pas, ils continuent à véhiculer leurs idées haineuses et nauséabondes.
Sous couvert de dialogue social, ils semblent pouvoir le faire, et n’hésitent pas à crier à la censure dès qu’on ose dénoncer leurs agissements.

Tous les syndicalistes ne sont pas logés à la même enseigne. Interrogeons-nous sur ce que certains ont accepté, promis ou abandonné pour obtenir leur totem d’immunité.
Qui défend réellement les salarié·es ?

Nous, nous préférons défendre celles et ceux qu’on laisse sur le bord de la route.
Ne nous faisons pas d’illusions : ils continueront à nous attaquer, à nous calomnier, à nous diffamer.
Parce que nos actions dérangent.
Parce que nous ne sommes pas “dociles”.
Parce que nous refusons le jeu de dupes d’un dialogue social verrouillé.

Mais qu’ils sachent une chose : nous ne céderons pas.
Nous ne plierons pas.
Nous ne négocierons pas notre intégrité.

Nous continuerons à porter une voix syndicale libre, indépendante, fraternelle, attachée à la dignité de toutes et tous.
Tant qu’il y aura des salarié·es à défendre, des inégalités à combattre et des discriminations à faire reculer, nous continuerons à parler haut et fort, à dénoncer, à agir.

Les chiens aboient, la caravane passe.
Mais cette fois, la caravane avance — et elle n’oubliera rien.

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